L’administration américaine a finalement autorisé, ce 10 décembre, l’exportation vers la Chine des puces H200 de Nvidia, parmi les plus performantes du fabricant. Cette décision met fin à plusieurs mois d’interdiction et pourrait redonner accès au géant du silicium à un marché crucial. Cependant, cette avancée réglementaire est immédiatement tempérée par une annonce inquiétante venue d’un de ses principaux clients, Oracle, et par un contexte concurrentiel de plus en plus agressif.
Une autorisation américaine aux clauses restrictives
Si la levée de l’embargo sur les accélérateurs d’IA H200 est une victoire pour Nvidia, elle s’accompagne de contraintes significatives. D’une puissance environ six fois supérieure aux modèles H20 précédemment autorisés, ces semi-conducteurs sont soumis à une taxe à l’exportation de 25%, reversée au Trésor américain, et à des contrôles de sécurité stricts. Par ailleurs, l’architecture Blackwell, la plus récente de Nvidia, reste interdite à la vente en Chine.
La réaction des géants technologiques chinois a été immédiate. Dès l’annonce, des entreprises comme Alibaba, Tencent et ByteDance ont tenu des réunions d’urgence pour évaluer leurs stratégies d’approvisionnement. La question centrale est de savoir si le surcoût induit par la taxe justifie l’acquisition des H200 ou si des solutions locales, telles que les puces Ascend de Huawei, demeurent plus compétitives.
Oracle ébranle la confiance des investisseurs
Presque simultanément, Oracle a semé le doute sur la position hégémonique de Nvidia. Après avoir publié des résultats trimestriels inférieurs aux attentes du marché, entraînant une chute de plus de 10% de son titre en après-bourse, la firme a dévoilé une stratégie de « neutralité vis-à-vis des puces ». Son PDG, Larry Ellison, a affirmé la volonté de réduire la dépendance à l’égard de Nvidia au profit d’une plus grande utilisation de technologies concurrentes, notamment celles d’AMD.
Cette déclaration intervient alors qu’Oracle a revu à la hausse, à 50 milliards de dollars, son budget d’investissement pour l’exercice 2026. Le changement de ton est perçu comme un signal d’alarme par les marchés, remettant en cause le statut de fournisseur incontournable de Nvidia. Dans un mouvement parallèle, la vice-présidente de Nvidia, Debora Shoquist, a cédé 80 000 actions le 9 décembre à un prix moyen de 184,65 dollars, pour une valeur totale d’environ 14,77 millions de dollars, un timing qui interroge.
Des parts de marché à reconquérir face à une concurrence féroce
L’enjeu chinois est capital pour Nvidia, dont la part de chiffre d’affaires dans la région s’est effondrée. Elle est passée de 26% sur l’exercice 2022 à seulement 11% récemment. Sur le dernier trimestre clos en octobre, les ventes en Chine ont chuté de 63%, à 3 milliards de dollars. Le feu vert pour les H200 pourrait inverser cette tendance, à condition que la pénalité douanière ne refroidisse pas les acheteurs.
La pression concurrentielle s’intensifie par ailleurs sur tous les fronts. Google accroît massivement la production de ses propres unités de traitement Tensor (TPU), une initiative susceptible de coûter à Nvidia des commandes milliardaires. Malgré ce contexte, le groupe a affiché au troisième trimestre 2026 un chiffre d’affaires de 57 milliards de dollars, en progression de 62,5% sur un an. Sa position dominante reste solide, mais elle n’est plus perçue comme inexpugnable.
Perspectives : le verdict du marché chinois en attente
L’analyste Stacy Rasgon, de Bernstein, a maintenu le 10 décembre sa recommandation « Acheter » sur le titre Nvidia, avec un objectif de cours de 275 dollars. Le consensus des analystes se situe aux alentours de 258 dollars. La clé du succès résidera dans la capacité des géants technologiques chinois à passer des commandes substantielles de H200, malgré la majoration de 25%. Si ces commandes se font attendre, le retour en Chine pourrait n’être qu’un feu de paille.
Les prochaines semaines seront décisives. Nvidia devra naviguer entre la reconquête complexe du marché chinois et la défense de ses positions sur son marché domestique, où la concurrence ne cesse de se renforcer. L’équilibre est fragile.
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