L’action Nvidia traverse une période de turbulences, tiraillée entre des vents contraires politiques, des interrogations sur la durabilité de la ruée vers l’IA et une demande structurelle qui demeure solide. Comment concilier ces dynamiques apparemment contradictoires ?
Un contexte sectoriel qui pèse sur les cours
La récente faiblesse du titre ne découle pas de ses propres résultats, mais d’un environnement de marché devenu plus prudent. L’élément déclencheur fut la publication trimestrielle d’Oracle. Le géant du logiciel a annoncé un chiffre d’affaires de 16,06 milliards de dollars, en deçà des attentes des analystes qui tablaient sur 16,21 milliards. Plus significatif encore, Oracle a revu à la hausse ses prévisions de dépenses d’investissement (Capex), les portant à environ 50 milliards de dollars pour l’exercice 2026, soit une augmentation de près de 15 milliards.
Cette annonce a ravivé les craintes des investisseurs : les coûts faramineux liés au déploiement de l’infrastructure IA pourraient croître bien plus vite que les revenus générés à court terme. Une prise de bénéfices sectorielle s’est ensuivie, affectant Nvidia (-1,5%) et frappant plus durement encore des concurrents comme Broadcom ou Micron.
Les mises en garde de Bill Gates, évoquant dans une interview CNBC un marché de l’IA « hyper-concurrentiel » et la possible dévaluation de nombreux acteurs surfant sur la vague, ont ajouté à la nervosité. Son appel à la prudence en matière de valorisation résonne particulièrement pour Nvidia, dans un contexte où les hyperscalers prévoient collectivement des investissements dépassant les 500 milliards de dollars d’ici 2026.
L’orage politique s’accumule à Washington
Sur un autre front, la pression réglementaire s’intensifie aux États-Unis. La sénatrice Elizabeth Warren demande que Jensen Huang, le PDG de Nvidia, comparaisse devant le Congrès. Cette initiative fait suite à la décision de l’administration Trump d’autoriser les exportations vers la Chine des puces avancées H200, bien qu’assorties de droits de douane et de conditions de sécurité.
La sénatrice met en avant des risques potentiels pour la sécurité nationale, arguant que ces semi-conducteurs de haute performance pourraient renforcer les capacités militaires et de surveillance chinoises. Nvidia rétorque que les ventes à la Chine ne représentent qu’une fraction mineure de son activité globale et restent soumises à des licences d’exportation américaines strictes.
Une audition au Congrès amplifierait néanmoins l’incertitude réglementaire. La situation est d’autant plus sensible que des groupes technologiques chinois, notamment Alibaba et ByteDance, ont déjà manifesté un vif intérêt pour des commandes substantielles de H200. Les processus politiques et d’approbation pourraient ainsi devenir un goulot d’étranglement.
Gestion des risques à l’export et innovation logicielle
Parallèlement, Nvidia doit gérer des risques réputationnels liés au contournement présumé des contrôles. Certains rapports affirment que la firme chinoise d’IA DeepSeek aurait utilisé des puces Blackwell introduites en contrebande via des « centres de données fantômes » en Asie du Sud-Est pour entraîner ses modèles.
La société a fermement démenti ces allégations, les qualifiant de « tirées par les cheveux » et soulignant l’absence de preuves.
Dans une démarche proactive, Nvidia a malgré tout dévoilé une nouvelle solution logicielle destinée à vérifier la localisation physique de ses GPU :
- Fonctionnement : L’outil estime la position géographique du matériel en analysant la latence du réseau et les données de télémétrie.
- Déploiement : Il sera d’abord disponible sur les nouvelles puces Blackwell.
- Portée : Il s’agit d’un outil de gestion de flotte optionnel, et non d’un « interrupteur d’arrêt » matériel. Le code sera publié en open source.
Cette initiative vise à renforcer techniquement le respect des règles d’exportation, sans imposer de contrôles à distance trop intrusifs pour les clients.
La demande résiliente : l’exemple taïwanais
Malgré ces vents contraires, la demande pour les solutions Nvidia reste vigoureuse. À Taïwan, un nouveau centre de cloud computing hébergeant le supercalculateur « Nano 4 » a été inauguré à Tainan. Cette installation s’appuie sur 1 760 GPU Nvidia H200 et 144 puces Blackwell.
Ce projet s’inscrit dans la stratégie taïwanaise de développement d’une « IA souveraine », visant à construire une infrastructure nationale indépendante des hyperscalers étrangers. Pour Nvidia, c’est la preuve que la demande en calcul haute performance est portée non seulement par les géants américains, mais aussi par les États et les fournisseurs cloud régionaux à travers le monde.
De tels méga-projets constituent un contrepoint aux inquiétudes réglementaires et de valorisation, confortant la solidité de la demande à long terme pour les cycles produits de l’entreprise.
Perspective des analystes et situation boursière
Sur les marchés, ce mélange de pression politique et de volatilité sectorielle se traduit par une phase de consolidation. La cotation, aux alentours de 153,50 euros, se situe nettement en dessois de son plus haut sur un an, mais reste bien au-dessus de son plus bas sur la même période. L’action évolue environ 4,5 % sous sa moyenne mobile sur 50 jours, signe d’une pause après une forte hausse.
Fondamentalement, de nombreux analystes conservent un avis positif. Après une rencontre avec la direction, l’analyste de Bank of America Vivek Arya a réitéré sa recommandation « Acheter » avec un objectif de cours de 275 dollars. Il évoque une bonne visibilité sur un potentiel de chiffre d’affaires d’environ 500 milliards de dollars, porté par la génération Blackwell et le cycle à venir « Rubin » dans les deux prochaines années.
Pour les investisseurs, l’équation se résume ainsi :
- Facteurs de risque :
- Une possible audition au Congrès et un durcissement des règles d’exportation.
- Une volatilité sectorielle induite par les investissements massifs dans l’IA et les craintes sur les valorisations.
- Moteurs de croissance :
- Un fort intérêt de la part de clients chinois (Alibaba, ByteDance), sous réserve d’autorisations politiques.
- Des projets d’infrastructure comme le centre de calcul taïwanais pour l’« IA souveraine », utilisant massivement des H200 et des Blackwell.
À court terme, les gros titres politiques et la sensibilité du secteur devraient entretenir un environnement de trading agité. La perspective à moyen et long terme, elle, dépendra principalement de la concrétisation des grands projets d’infrastructure et du succès des cycles produits Blackwell et Rubin.
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