Alors que l’attention du secteur technologique est captivée par le méga-contrat avec OpenAI, Nvidia opère un mouvement surprenant. Le géant des puces d’intelligence artificielle annonce un investissement de 2 milliards de dollars dans le spécialiste de la conception de semi-conducteurs, Synopsys. Loin d’une simple acquisition, cette manœuvre est saluée par les marchés comme un coup de maître stratégique. Décryptage.
Les analystes financiers revoient leurs objectifs à la hausse
L’annonce a déclenché une vague d’optimisme sur Wall Street. Les maisons de recherche ont rapidement ajusté leurs évaluations :
* Morgan Stanley a relevé son prix cible de 235 à 250 dollars, anticipant une hausse potentielle d’environ 41%.
* Bank of America et KeyCorp affichent un objectif encore plus ambitieux de 275 dollars.
* Même des analyses plus conservatrices, comme celle de la Deutsche Bank, ont été significativement revues à la hausse, passant de 180 à 215 dollars.
Le consensus moyen des analystes se situe désormais à 258,65 dollars par action. Joseph Moore de Morgan Stanley estime que Nvidia conservera sa position dominante sur le marché, jugeant les menaces potentielles « surévaluées ».
Une vision : transformer les processus de conception
Le lundi 1er décembre 2025, Nvidia a dévoilé les détails de ce partenariat stratégique. Pour 414,79 dollars par action – un discount symbolique de 0,8% par rapport au cours de clôture du vendredi précédent – Nvidia s’associe à Synopsys. L’ambition affichée est de révolutionner des processus d’ingénierie et de conception qui nécessitent actuellement des semaines, pour les réaliser à terme en quelques heures seulement.
« C’est considérable », a déclaré le PDG Jensen Huang à CNBC. « Ce partenariat va révolutionner l’une des industries les plus gourmandes en calcul au monde. » La collaboration intégrera la technologie CUDA de Nvidia, son intelligence artificielle agentique et physique, ainsi que les jumeaux numériques de sa plateforme Omniverse. Les logiciels de Synopsys sont utilisés dans de nombreux secteurs, de la fabrication de puces électroniques à celle de moteurs d’avion.
Un point crucial a été clarifié par Sassine Ghazi, le dirigeant de Synopsys : ce partenariat n’est pas exclusif. Aucune obligation n’impose à Synopsys d’utiliser les 2 milliards de dollars pour acheter des GPU Nvidia. Cette précision répond aux craintes de certains observateurs qui y voyaient une forme indirecte de subvention aux clients.
Des fondamentaux solides : records et perspectives robustes
La confiance des analystes s’appuie sur des performances financières exceptionnelles. Pour le troisième trimestre de son exercice 2026, Nvidia a publié un chiffre d’affaires record de 57 milliards de dollars, en progression de 62% sur un an. Le segment Data Center, cœur de son activité, a contribué à hauteur de 51,2 milliards de dollars, soit une croissance de 66%.
Le bénéfice par action s’est établi à 1,30 dollar, dépassant nettement les attentes des marchés fixées à 1,23 dollar. « Les ventes de Blackwell pulvérisent tous les records, et les GPU pour le cloud sont en rupture de stock », a affirmé Jensen Huang. Pour le trimestre en cours, la société table sur un chiffre d’affaires d’environ 65 milliards de dollars, confirmant la poursuite de sa croissance.
Le contrat OpenAI dans l’attente
Un élément d’incertitude persiste néanmoins. Lors de la conférence UBS, la directrice financière Colette Kress a révélé que l’accord spectaculaire de 100 milliards de dollars avec OpenAI n’était toujours pas finalisé. « Nous n’avons pas encore conclu d’accord définitif », a-t-elle reconnu. Depuis son annonce en septembre 2025, ce partenariat en est resté au stade de la lettre d’intention.
Cette situation a toutefois un aspect positif : les prévisions actuelles de Nvidia n’intègrent pas ce méga-contrat. La demande anticipée de 500 milliards de dollars pour les systèmes Blackwell et Vera-Rubin repose sur des commandes existantes. La concrétisation du partenariat avec OpenAI représenterait donc une croissance supplémentaire.
La reconnaissance par les pairs
La position de force de Nvidia est telle que même ses concurrents s’adaptent à son écosystème. Lors de l’événement AWS re:Invent 2025, Amazon a présenté sa puce Trainium4, conçue pour être compatible avec la technologie NVLink de Nvidia. Plutôt qu’une confrontation frontale, le géant du cloud a choisi l’intégration.
Interrogée sur la menace potentielle que représentent le TPU de Google ou d’autres puces spécialisées, la CFO Colette Kress a été catégorique : « Absolument pas. » Elle a rappelé que l’avantage concurrentiel de Nvidia ne se limite pas à ses semi-conducteurs, mais englobe une plateforme complète incluant le matériel, les logiciels CUDA et des outils adaptés à chaque industrie.
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